Une industrie au service de l’agriculture : Les Ets Tourneur à Coulommiers
La Liberté de Seine et Marne 27/3/1964
Une industrie au service de l’agriculture
Les Ets Tourneur à Coulommiers
Les établissements Tourneur qui comptent 80 ans d’âge n’ont cessé de fournir sur le marché agricole français et même à l’étranger des variétés de graines et des sélections dont les recherches en matière de production et de qualité ont été en progression constante. La maison se concentre sur trois principaux plans d’activités en matière de création de variétés :
- Les céréales blé, orge, avoine ; la betterave sucrière.
- Les légumineuses : la luzerne et le trèfle.
VARIETES DES CEREALES
Les blés
Les travaux de laboratoire et de culture visent à établir des variétés où, aux qualités de rendement, se joignent les qualités technologiques : recherche de rendement maxima, force boulangère, résistances aux maladies, aux conditions climatiques…
Parmi les anciennes qualités de blé qui ont eu un grand développement citons le Chanteclair, L’Inversabe, Bordeaux et Vague d’Epi. Récemment deux nouveaux types de blé qui ont bénéficié de l’apport de travaux nouveaux offrent des qualités non moins certaines, tels l’alterna qui, comme son nom l’indique peut être semé d’automne à fin février ; l’Eureka qui présente un rendement comparable aux meilleures variétés actuellement existantes, et qui se répand dans toutes les régions de France. Ses principales qualités sont sa résistance aux maladies, à la verse ; demi précoce, il présente aussi notamment un atout non négligeable de souplesse à la récolte mécanisée.
Des travaux sont en cours pour améliorer encore ces résultats.
L’avoine
La maison Tourneur avec Nappe d’Argent et Gelinotte, a donné aux milieux de cultures deux avoines de grandes qualités. La première, à grain blanc, fournit une grosse production ; la seconde, à grain noir, est précoce et donne d’excellents rendements.
Ces différentes variétés sont produites à partir d’hybridations artificielles. Après l’étude de la descendance de ces croisements, on choisit un type fixé et stabilisé dans les caractères généraux souhaités : alternativité force boulangère, résistance au froid et à l’échaudage, aux maladies, etc…
Pour que, après étude une sélection de ce genre soit mise à la disposition des agriculteurs il faut quatorze à quinze ans de travaux.
La betterave sucrière
A partir de types hybrides et hétérogènes, ainsi que le réclame la nature de la plante, on établit une sélection obtenue par croisement de familles, qui au terme de cette consanguinité, amène une accumulation de propriétés intéressantes, les caractères mauvais ayant été préalablement éliminés.
Cette sélection aboutit aujourd’hui à trois types répartit en quatre catégories de semences :
- les semences ordinaires
- les semences façonnées
- La semence monogerme, aux rendements importants,
- enfin, la graine enrobée.
LES TREFLES LES LUZERNES ET LE SORGHO
Depuis plusieurs années, en raison de sa bonne résistance à la sclerotinia, le trèfle violet « Sepia » permet d’être conservé plusieurs années en culture. Demi-précoce, il est, d’autre-part, d’un bon rendement fourrager.
Luzernes
Les recherches les plus aboutis de la maison Tourneur se sont portés sur les variétés de luzernes ; cette Maison est la première en France à s’être intéressée à cette création.
La première mise dans le commerce fut l’Ormelong ; la seconde, dite Du Puits, a pris une extension considérable en France et dans de nombreux pays. Expérimentée en Hollande, Danemark, Angleterre, Etats-Unis, etc… , elle s’est classée la meilleure parmi les meilleures.
Cette renommée est due à sa particulière résistance au froid, son très grand rendement et une vigueur de repousse très marqué après chaque coupe. Aussi peut-on dire que pour l’agriculture en général, elle offre la plus grande sécurité parmi les luzernes mises à ce jour dans le commerce.
Elle doit cette sécurité à la conservation de ses caractères ; ce sont toujours les mêmes plantes originales qui, bouturées, permettent de maintenir les caractéristiques de la variété au long des années.
Les travaux de l’Etablissement se poursuivant en ce domaine pour établir d’autres sélections adaptées à des besoins, et surtout des situations climatiques particulières, la variété Cardinal est orientée vers une utilisation industrielle. La plus récente « Glacier », qui comme son nom l’indique, est très résistante au froid, est destinée aux régions du Nord de la France et à certains pays d’Europe de l’Est et du Nord et au Canada.
Le sorgho
Une autre activité à l’étude est le sorgho hybride, sorti par la Maison Tourneur et démarré dans les régions du Sud-Est et du Sud-Ouest depuis 1959, culture qui couvre actuellement 40 000 hectares dans ces départements.
LABORATOIRES ET MAGASINS
Toutes ces différentes sélections et variétés font l’objet de longs et patients travaux de laboratoire et d’essais en terrains de culture. Une trentaine d’ouvriers, sous la direction de deux ingénieurs, aidés d’un chef de culture et d’une laborantine, sont affectés à ces travaux. La maison dispose, pour ces études, de tous les derniers perfectionnements en usage : laboratoire de germination du blé, équipé pour les études qualitatives, extensimètre Chopin, farinographe Brabander, glutographe, etc… La culture de la betterave bénéficie d’un équipement aussi important, étuve, appareil à distillation et microscope à contraste de phases pour l’étude des chlorophastes, élément qui joue le rôle des chromosomes dans la formation et la transformation des feuilles. En annexe de ces installations, des serres permettent le développement rapide des plantes étudiées.
Quand les premiers résultats souhaités sont obtenus, celles-ci sont réparties dans différents champs d’essais disséminés dans la France entière. Quand une variété a donné des résultats satisfaisants, cela au bout de 10, 15, parfois 20 années, elle est livrée sur le marché.
Magasins
Pour le tri, le nettoyage, la sélection des graines et leur expédition, les Etablissements Tourneur disposent d’importants magasins.
Voici le chemin parcouru par une graine, du nettoyage à l’ensachage. La graine de luzerne, par exemple, disposée par catégories, selon les impuretés à retirer, passe par un premier système de tamis. D’autres tamis retenant les impuretés larges ou les impuretés longues la recueillent. La meilleure graine est reprise par des élévateurs et versée sur des cuscuteuses, avant de passer au trieur et sur le mélangeur magnétique qui libère la graine du reste de ses déchets.
Mise en sacs, cette graine est aussitôt expédiée par camions au gré de la demande. Il n'y a pas pour ainsi dire de stockage.
Les différentes manutentions qui accompagnent soit le travail des machines, soit celui qui en résulte, sont accomplis par une vingtaine d‘ouvriers environ.
Il était intéressant de situer cette activité, une des plus anciennes installées à Coulommiers et qui ne s’est pas, pour autant, sclérosée, mais a su, au contraire, s’adapter aux exigences de l’heure.